Et si Monet avait séjourné au Mexique ? Non seulement, il a dû s’y rendre mais il y a connu une liaison torride dont Marie Carmen Hernandez est bien évidemment issue.
Vous en avez la preuve dans cette exposition. Du Mexique, elle garde la violence ; de la France, la nuance. Si la lumière ruisselle sur les peintures de Monet, le sang coule sur celles de sa descendante. Si le maître de Giverny fait apparaître la transparence de l’éther sous les couleurs et les formes, Marie Carmen Hernandez laisse surgir la Terre.
Car le ciel mexicain, pas plus que son sol, n’est vide. Il bruisse d’énergie, d’appels, d’emportements, de plaintes et d’enthousiasmes. Il ne se résout pas à être cartésien.
Depuis plusieurs années, j’habite avec des toiles de Marie Carmen Hernandez. Non seulement je ne m’en suis jamais lassé, mais je m’en suis mieux porté : elles amplifient ma vie, je me sens heureusement contaminé par leur force.
Avec ses nouvelles oeuvres, Marie Carmen Hernandez se renouvelle tout en se continuant. Dirais-je même qu’elle aboutit ? Quel bonheur de voir surgir la maturité d’une artiste qu’on aime. Il me semble que toutes ses immenses qualités vibrent et s’imposent, évidentes. L’excès trouve son équilibre. La démesure imaginative s’installe fermement dans le cadre. La raison s’harmonise avec la pulsion. La passion trouve enfin son verni et sa patine.
C’est fou, c’est beau. C’est elle.
Eric-Emmanuel Schmitt • Duende • 2011