SAGES FACES NUS
C’est une histoire qui continue et semble avoir commencé il y à très longtemps.
Des personnages apparaissent. Ils sortent de la nuit. Leur visages sont flous, comme mangés par l’éternité à qui ils appartiennent . Les masques du Fayoum ne sont pas loin. Leurs couleurs, roses, vertes, marrons, comme incendiées par le temps, chaque second un éclair, n’appartiennent pas tout à fait au registre de la chair (et pourtant ces deux sexes, mais privés de visages, anonymes…) Ce qui compte n’est pas tellement ce que ces personnages ont vécu, mais plutôt ce qu’ils sont vu. Ou inventé. Nous sommes dans l’imaginaire du récit, des caractères, des visions et des histoires personnelles. Entre deux mondes indissociables, la réalité et la fiction, qui se poursuivent et se superposent, s’enrichissent mutuellement, liés comme peuvent l’être le ciel et la terre. Entre l’amour et la peinture. Regardez ces regards qui mangent les visages. Ces regards qui nous regardent. C’est par les yeux aussi que le peintre nous parle. Cette femme, mexicaine, qui cherche la sagesse dans les formes qu’elle invente et qui signe du nom de META. Avec ses quatre lettres derrière ses tableaux, Meta nous signifie qu’elle est rentrée dans le mouvement des choses et du monde. Son talent aussi se transforme, il s’affirme, se construit, se singularise.
Il se fait un.
Daniel Rondeau Champagne • décembre 2001